Retrouver le fil, par Sophie Colette, à l'occasion de l'exposition Retrouver le fil à L’ ISELP, Bruxelles, janvier 2012

Explorer notre environnement, l’autour de nous, mouvant, instable, vacillant, à l’image de l’autre, à notre image. Saisir des bribes. Esquisser d’incertains contours. Parler d’impermanence, de ce qui nous échappe. Traquer les moindres constituants de notre être, en fixer les empreintes fugitives, à peine entrevues et déjà disparues. (…) Comme une archéologue, Véronique Renier sonde notre mémoire, en exhume des strates de souvenirs, anticlinaux et synclinaux, superposés ou intimement mêlés. Elle rend compte du caractère émietté, tronqué, nébuleux de ce qu’il reste, de ce qui ne s’est pas effacé : de vagues réminiscences, de lointains souvenirs qui teintent de manière indélébile notre quotidien. Des images fortes ou délavées, obsédantes ou enfouies, douloureuses ou bienfaisantes et parfois plus rien, l’oubli. (…);

En questionnant le passé pour éclairer le présent, l’artiste tisse la trame de fond de son histoire, perpétuel va et vient, constant aller-retour. Elle lève un voile, laissant filtrer un peu de son intimité, et pudiquement le referme, touche l’autre au plus près, appréhende sa réalité complexe et changeante. (…) Empreinte de scepticisme, l’artiste questionne la réalité, les apparences trompeuses, notre existence illusoire. Le monde, un teatrum mundi, une farce, une comédie, éphémère certes, mais qu’elle aime à jouer. Êtres et choses sont voués à l’impermanence, mais ces êtres et ces choses qui cassent, passent et trépassent, ces existences si fragiles, sont éminemment chers à nos cœurs et le temps d’une vie, on aime à les saisir, à les prendre, à les voir.

« Au fond, il ne s’agit que de chercher et de chercher encore, avec cette certitude qu’il est possible de s’approcher un peu plus de nous-mêmes. » V.R.

 

 

 

Réparation(s), déclinaisons plurielles et poétiques, par Marianne Dubois-Tefnin, à l'occasion de l'exposition Réparation(s) à la Maison des Métiers d'Art, Liège, octobre-novembre 2018

 

Cathy Alvarez, Véronique Martinelli, Véronique Renier, trois rencontres, des univers qui se parlent, des préoccupations semblables, des parcours qui se comprennent, des gestes qui se ressemblent. Sentir la fragilité, les blessures, la mémoire, et leurs traces avec une forte envie de les transcender. L’envie de créer ensemble, de réparer ensemble et de faire émerger un univers qui témoigne de cela.

Chez les trois artistes, les formes sont multiples : photo, gravure, sculpture, broderie, dentelle… tous les moyens sont intéressants pour arriver à leurs fins : réparer, se réparer et adoucir ses peines (...)

Réparer, panser, suturer les objets, les mémoires… Louise Bourgeois écrivait que L’acte de coudre est un processus de réparation émotionnel…  Dans les sociétés traditionnelles africaines et asiatiques, réparer signifiait montrer que l’on a traité la blessure et signifiait également donner une place aussi importante à la réparation qu’à la blessure elle-même. Réparer, c’était donc, en quelque sorte, donner une seconde vie à la chose blessée;

Cathy Alvarez, Véronique Martinelli et Véronique Renier sont bien les héritières de Louise Bourgeois… fées, magiciennes, sorcières, elles sont porteuses d’une quête universelle, elles qui, habitées par la VIE, mettent leur sensible, puissant et joyeux élan créateur au service de la réparation, parce qu’au-delà de la fragilité, la cicatrice incarne pour elles l’espérance.